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Règle d’or de la politique monétaire selon Friedman : explication et impact économique

L’économiste Milton Friedman a formulé une règle d’or pour la politique monétaire, stipulant que la masse monétaire doit croître à un rythme constant. Cette approche vise à limiter l’influence arbitraire des banques centrales et à éviter les cycles économiques de booms et de récessions. En maintenant une croissance prévisible de la monnaie, Friedman croyait que l’inflation pouvait être contrôlée plus efficacement.

L’impact économique de cette règle se fait sentir dans la stabilité des prix et la prévisibilité des marchés financiers. Les entreprises et les consommateurs peuvent ainsi prendre des décisions économiques avec une meilleure anticipation des conditions futures, réduisant les incertitudes et les risques associés aux fluctuations monétaires imprévues.

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les fondements de la règle d’or de la politique monétaire selon Friedman

Milton Friedman, fondateur de l’École de Chicago, a élaboré sa règle d’or en réaction aux théories de John Maynard Keynes. Contrairement à Keynes, qui prônait une intervention active des gouvernements pour stabiliser l’économie, Friedman défendait une approche plus passive, centrée sur le contrôle de la masse monétaire. Son inspiration trouve ses racines dans la théorie quantitative de la monnaie, soutenue par des économistes comme David Ricardo et Karl Marx, et précisée par Irving Fisher avec son équation quantitative de la monnaie.

La règle d’or de Friedman stipule que la masse monétaire doit croître à un rythme constant, indépendamment des fluctuations économiques. Cette approche se veut une réponse aux politiques monétaires discrétionnaires qui, selon Friedman, génèrent plus de volatilité économique. En se basant sur des principes monétaristes, il rejoignait des penseurs comme Karl Brunner, Jacques Rueff ou encore Friedrich Hayek, chacun ayant défendu des variations du monétarisme : budgétaire, métalliste et autrichien.

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Parmi les défenseurs notables du monétarisme des anticipations rationnelles, on retrouve John Muth, Robert Lucas, Thomas Sargent et Neil Wallace. Ces économistes ont étendu les idées de Friedman, en intégrant les anticipations des agents économiques dans leurs modèles. Cette école de pensée a contribué à redéfinir les politiques monétaires, influençant des institutions comme la banque centrale et ses politiques de taux d’intérêt, avec pour objectif de maîtriser l’inflation de manière plus prévisible et stable.

les mécanismes de la règle d’or et leur application

Milton Friedman a non seulement théorisé la règle d’or de la politique monétaire, mais il a aussi influencé de nombreux décideurs politiques. Friedman a été conseiller de Richard Nixon, promouvant des politiques de lutte contre l’inflation par le contrôle de la masse monétaire. Ses idées ont aussi inspiré les Chicago Boys, un groupe d’économistes chiliens formés à l’université de Chicago, qui ont conseillé Augusto Pinochet dans la mise en œuvre de réformes économiques libérales.

Le modèle de Friedman a trouvé une application concrète aux États-Unis sous l’administration de Paul Volcker, alors président de la FED. Volcker a adopté des mesures strictes pour contrôler l’inflation en limitant la croissance de la masse monétaire, une approche en ligne avec les principes de Friedman. Cette période, marquée par des taux d’intérêt élevés, a contribué à stabiliser l’économie américaine et a ouvert la voie aux politiques économiques de Ronald Reagan, aussi influencé par Friedman.

En Europe, les idées de Friedman ont trouvé un écho chez Margaret Thatcher, première ministre britannique, bien que cette dernière ait été plus largement inspirée par Friedrich Hayek. Thatcher a mis en œuvre des politiques monétaristes strictes pour combattre l’inflation et revitaliser l’économie britannique.

Friedman a aussi été un conseiller influent pour le parti Républicain et le Federal Reserve System, façonnant durablement les politiques monétaires contemporaines. En prônant une croissance stable de la masse monétaire, il cherchait à réduire l’incertitude économique et à instaurer un cadre prévisible pour les agents économiques.

les critiques et limites de la règle d’or de Friedman

Si la règle d’or de Friedman a trouvé de nombreux défenseurs, elle n’a pas échappé aux critiques. Ses opposants, souvent issus des rangs keynésiens, pointent plusieurs limites. John Maynard Keynes, par exemple, opposait à Friedman une vision selon laquelle la politique monétaire ne peut à elle seule stabiliser l’économie. Keynes prônait une intervention active de l’État via des politiques budgétaires.

les principales critiques

  • Rigidité : La règle d’or impose une croissance fixe de la masse monétaire, ce qui peut limiter la flexibilité des banques centrales en période de crises économiques.
  • Ignorance des chocs de demande : Selon les keynésiens, la règle de Friedman néglige les fluctuations de la demande globale, pouvant aggraver les récessions.
  • Exclusion des politiques budgétaires : La focalisation sur la politique monétaire au détriment des politiques budgétaires peut être insuffisante pour relancer l’économie en période de crise.

les critiques contemporaines

Patrick Artus et Christelle Rabier, économistes contemporains, soulignent que la règle d’or ne prend pas en compte les dynamiques financières modernes. L’instabilité financière récente, illustrée par la crise des subprimes, a montré les limites de l’approche monétariste stricte. L’accumulation de dettes privées et publiques nécessite des réponses plus flexibles et adaptées.

L’opposition de Friedman aux accords de Bretton-Woods, qui visaient à stabiliser les taux de change après la Seconde Guerre mondiale, révèle ses divergences avec les conceptions internationales de la régulation monétaire. Friedman prônait des taux de change flottants, en opposition aux systèmes fixes promus par Bretton-Woods.

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l’impact économique de la règle d’or sur les politiques monétaires contemporaines

La règle d’or de Friedman a marqué durablement la pensée économique, influençant les politiques monétaires contemporaines. Dans le contexte post-crise des subprimes de 2008, les banques centrales ont dû adapter leurs stratégies pour éviter une déflation généralisée. L’approche monétaire stricte de Friedman, prônant la régulation de la masse monétaire, a trouvé ses limites face à des crises d’une telle ampleur.

Les crises successives, notamment celle de 1929, la crise des dettes souveraines et plus récemment la pandémie de Covid-19, ont mis en lumière la nécessité d’une plus grande flexibilité des politiques monétaires. Les banques centrales, telles que la Fed et la BCE, ont alors eu recours à des mesures non conventionnelles comme le quantitative easing pour injecter massivement des liquidités dans l’économie.

les enseignements de Friedman face aux crises modernes

  • Quantitative easing : Contrairement à la règle d’or de Friedman, les banques centrales ont adopté des politiques d’assouplissement quantitatif pour stabiliser les marchés financiers.
  • Politiques budgétaires : L’intervention accrue des gouvernements via des plans de relance budgétaire a été déterminante pour soutenir l’économie, en complément des politiques monétaires.

Les enseignements de Friedman sur la gestion de la masse monétaire restent toutefois pertinents pour éviter les dérives inflationnistes. Les accords du Plaza, par exemple, ont montré que des interventions concertées peuvent stabiliser les fluctuations des devises, en ligne avec certaines recommandations de Friedman.

La crise du Vietnam et les dépenses militaires associées ont illustré les dangers de l’expansion monétaire non contrôlée. Friedman avait prévenu des risques d’inflation galopante en cas de dérapage budgétaire, une leçon toujours d’actualité pour les décideurs contemporains.

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